– Pardon, Monsieur, répète l’enfant dans un souffle.
“Il aurait fallu prendre à droite“, pense l’homme en modérant ses pas, en les mesurant sur ceux de son compagnon. “Il aurait fallu aller vers les montagnes..”
Une phrase tourne à vide dans sa tête, quelque chose qui parle d’apocalypse et de l’urgence de délaisser alors les plaines, de grimper vers les sommets.
Au lieu de cela, dans les bruits et les poussières, il a pris à gauche, vers la mer.
L’enfant avance vite, petit bout d’homme habitué à marcher. Il ne parle pas, ne chante pas. Il marche et parfois sautille en se suspendant à la main de l’homme. Quand ils arrivent en haut de la dune, à l’endroit où il leur faudra descendre vers la mer, le bruit derrière eux se fond dans l’espace et l’enfant lève la tête, regarde le ciel : » Tu entends Monsieur ? Il va faire silence » dit-il
La plage vide jusqu’aux rochers, jusqu’à la barre noire des pins, jusqu’aux falaises. La plage vide et lisse et l’eau remuante, verte et bleue, avec l’ourlet d’écume blanche, le dessin des coquillages abandonnés mêlés aux cailloux, aux bouts de bois ronges par l’eau salée, blanchis par le soleil.
Pas de soleil aujourd’hui